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Juillet 2025

Annonce du n°17

Dix ans déjà ! À l’automne 2015, la moitié du fourbi dépliait, pour la première fois, son petit étal hétéroclite. Nous avions trinqué joyeusement à son succès, pleins de la foi des débutants, intimement convaincus que s’il y avait dans la vie une occupation distrayante et pépère, c’était bien celle de monter une revue papier.

Dix ans ont passé comme un songe. La revue n’a jamais été plus jeune (ce message motivationnel est imposé par le taulier) — et, comme chaque été, nous avons la fierté de vous annoncer la naissance prochaine d’un petit dernier qui penche : le n°17 paraîtra le 13 octobre.

Le bal des souscriptions est ouvert. Fanes et fans du fourbi, ne lisez pas plus loin : cliquez ici pour pré-commander vos jeunes exemplaires   , à tarif et frais de port réduits. Vous soutiendrez ainsi notre petite trésorerie, très jeune elle aussi.

Cette livraison 2025 s’appelle « Chutes », au pluriel. Elle est vouée aux déséquilibres, aux suspensions, aux culbutes, aux rebuts, aux conclusions inattendues et à leurs nombreux avatars.

Des chutes dans tous leurs états ; des chutes comme s’il en pleuvait — à travers seize contributions de textes et d’images qui, selon l’esprit de la m/f, s’emparent chacune du sujet en toute liberté. S’il fallait leur trouver un dénominateur commun, ce serait sans doute l’impermanence.

apologie du trou d’air

Contrairement à certains de ses synonymes, le mot (« chemin que fait un corps pesant », écrivait l’Encyclopédie) désigne surtout le mouvement en acte. La chute s’oppose, par nature, à l’arrêt ou à la ruine, et cependant elle y mène. Nombre de nos autrices et auteurs ont exploré cette dynamique contradictoire, et l’état fugitif de suspension qui l’accompagne : une suspension qui — quoiqu’elle augure, en général, une conclusion désagréable — ne manque pas de poésie, tant qu’elle dure.

La chute ouvre des trous d’air dans la mécanique aveugle des événements : ces mêmes marges ténues que la m/f, depuis ses débuts, ne cesse de vouloir défricher. Ce sont, aussi, les territoires qu’elle habite : où d’autre pourrait-on faire exister une revue culturelle, en 2025 ?

Vous retrouverez dans cette livraison les plumes habituelles du comité de rédaction.

L’Oulipo est bien sûr de la partie, avec une rechute obligée de Daniel Levin Becker, déjà invité dans notre n°3. Dans un jeu d’écriture voisin, Frédéric Fiolof travaille la chute en tant qu’accident narratif — il en a fait le sujet et la méthode de ses « poèmes dans l’air ».

Contrairement à certains de ses synonymes, le mot (« chemin que fait un corps pesant », écrivait l’Encyclopédie) désigne avant tout le mouvement en acte. La chute s’oppose, par nature, à l’arrêt ou à la ruine, et cependant elle y mène. Nombre de nos autrices et auteurs ont exploré cette dynamique contradictoire, et l’état fugitif de suspension qui l’accompagne : une suspension qui — quoiqu’elle augure, en général, une conclusion désagréable — ne manque pas de poésie, tant qu’elle dure.

La chute ouvre des trous d’air dans la mécanique aveugle des événements : ce sont ces mêmes marges ténues que la m/f, depuis ses débuts, ne cesse de vouloir défricher. Ce sont, aussi, les territoires qu’elle habite : où d’autre pourrait-on faire exister une revue culturelle, en 2025 ?

Vous retrouverez dans cette livraison les plumes habituelles du comité de rédaction. L’Oulipo est bien sûr de la partie, avec une rechute obligée de Daniel Levin Becker, déjà invité dans notre n°3. Dans un jeu d’écriture voisin, Frédéric Fiolof travaille la chute en tant qu’accident narratif — il en a fait le sujet et la méthode de ses « poèmes dans l’air ».

Signée par Christophe Burine, la maquette de ce numéro reprend une planche de l’illustratrice Marion Fayolle, à laquelle nous ouvrons nos pages. Elle est l’autrice d’un formidable roman graphique, La maison nue (Magnani, 2022), méditation sur l’attraction du vide dont nous publions des extraits saisissants. C’est l’histoire de colocataires qui occupent une maison, dans le temps suspendu qui précède sa destruction : on y verra pencher les pièces, et tomber les corps.

Toujours du côté des arts visuels, le photographe Bertrand Desprez nous livre une sélection d’images où l’ombre le dispute à la lumière, moments de crépuscule inspirés par l’Incal, la bande dessinée de Mœbius et Jodorowsky.

accélérations littéraires

L’impermanence fonde des cosmologies et celles-ci, à leur tour, nourrissent des écritures.

Noëlle Rollet revient sur le clinamen antique (la chute des atomes) et ses implications philosophiques ou littéraires : il sera question de liberté humaine, d’Épicure et du poème de Lucrèce, De rerum natura.

Joachim Séné, de son côté, évoque la constante de Planck, les quarks et anti-quarks, les gluons libérés, l’origine du Temps, de la matière et de la chute : une autre physique, une autre vision de l’univers — qui, elle aussi, fait littérature.

bribes et recyclages

Au bout des définitions du dictionnaire, on trouve aussi les chutes de toile, de cuir ou de papier — tous ces déchets inutilisés que laisse, dans son sillage, l’industrie humaine.

Les fourbisseurs sont allés voir de ce côté. Hugues Leroy se propose de refonder le matérialisme dialectique à partir du recyclage des savonnettes chez son grand-père. Anthony Poiraudeau, grand amateur de curiosités, brosse le portrait d’un historien du siècle dernier, chasseur de bribes d’événements et inventeur d’un fascinant fonds documentaire, mis au service d’une hypothèse historique hasardeuse.

silences d’après, langages d’avant

La chute se noue parfois à l’intime. Céline Bagault, illustrée par les photographies sensibles de Michele Gurrieri, ausculte délicatement ces silenciations ( « chuter », au théâtre, signifie faire taire) qui recomposent les familles après l’épreuve.

Hélène Gaudy a travaillé au plus près du basculement intérieur. La phase hypnagogique est un état de conscience modifié qui survient aux prémices de l’endormissement qui s’accompagne d’hallucinations — notamment celle de tomber en soi-même : son monde et son langage lui sont propres. Hélène a recherché cet état pour en rapporter, à l’état brut, les mots qui y surgissent. Son père avait mené cette expérience ; elle l’a refaite pour le fourbi.

tenir, tomber, danser

Il est beaucoup question d’équilibre dans le dernier livre d’Olivia Rosenthal, Une femme sur le fil (Gallimard-Verticales, 2025) : 1 000 fragments numérotés s’y répondent ou s’ignorent, parlant du métier de funambule — soutien fragile du fil tendu, hantise de la chute —, mais aussi de l’écriture comme fil à suivre ou rompre, entre argumentaire et digression ; ils racontent, enfin, l’histoire de Zoé, menacée d’abus par son oncle, et de ses acrobaties de fuite ou d’évitement. La m/f a rencontré l’autrice pour un entretien sur corde raide.

Les Allemands ou les Italiens s’enamourent — mais les Français ou les Anglais, on ne sait pourquoi, « tombent » amoureux : où atterrissent-ils ? Et ignorant pourquoi ils y tombent, comment comprendre que parfois, ils y retombent ? Avec « Tomber encore », Laure Samama propose une variation sur la redite possible des fulgurances.

© Bertrand Desprez (Détail)

tutoyer les fantômes

De même que chez Shakespeare, l’orage gronde lorsque le roi est fou, il arrive que la chute fonctionne comme symptôme. Zoé Balthus nous livre le récit suspendu d’un périple au Cambodge : paysages somptueux et mélancoliques, où affleurent ça et là les vestiges de la tragédie. On y croise des décombres, des brouillards, des chutes de pluie et de serpents, et d’innombrables fantômes.

Cependant Primo Levi dort sous un érable rouge, au cimetière monumental de Turin. Il y aura bientôt quarante ans qu’il basculait — et nous avec lui — dans la cage d’escalier de son immeuble du Corso Re Umberto, à moins que ce ne soit dans une faille de l’Histoire. Adrien Genoudet est retourné là-bas questionner la faille ; il demande si l’écriture peut sauver, et si elle peut être sauvée.

Il y a d’autres choses à découvrir dans ce beau et riche numéro 17. Il tombera sur l’étal des libraires le 13 octobre 2025, au prix public de 15 €.

Jusqu’au 6 octobre, précommandez vos exemplaires    au tarif exceptionnel de 13 €, plus un euro seulement pour frais de port. Vous recevrez vos commandes chez vous, quelques jours avant la sortie officielle.